Bribes d'histoire de Contré au Moyen-Age
Aucun élément ne permet d'éclairer les origines de ce territoire antérieurement au 12e siècle. Aucun document ni fouille n'a permis d'établir l'occupation des lieux avant cette période. La toponymie non plus ne fournit aucune piste et l'origine du nom "Contré" demeure obscure. Toutefois, des vestiges protohistoriques découverts sur les communes voisines attestent des premières occupations humaines dans cette région.
Le site de Contré devait être favorable à une telle implantation de par sa position dominante, la présence d'une fontaine... Cette fontaine réputée sacrée est mentionnée par un cartulaire : s'agit-il de celle au lieu-dit actuel La Fontaine ?
Du Moyen Age, il reste bien évidemment l´église romane Saint-Bernard, du 12e siècle, classée Monument Historique depuis 1913. La partie orientale de l'église a été surélevée pour accueillir un chemin de ronde, vraisemblablement au 15e siècle, pendant la guerre de Cent Ans. Le chevet a quelque peu pris l'apparence d'une tour défensive depuis ces modifications.
A proximité se trouvait le logis seigneurial, remplacé par des constructions du 19e siècle. Selon la tradition, il aurait servi de cantonnement aux troupes de Du Guesclin lors de la prise du château d'Aulnay en 1372, en pleine guerre de Cent Ans. La seigneurie de Contré est citée dès le 13e siècle. En 1335, une sentence aurait été prononcée contre le seigneur des lieux pour avoir enlevé la fille d'un certain "Monseigneur Marquisaint". La seigneurie de Chantemerlière apparait un siècle plus tard, mais le logis a été démoli.
Le bourg s'est donc développé au Moyen Age autour de son église. Les vestiges de cette époque sont ténus, par comparaison par exemple avec le bourg très proche de Saint-Mandé sur Brédoire. On ignore toutefois comment expliquer une telle différence. Contré présente encore quelques ouvertures à accolade du 15e ou du 16e siècle. Des silos souterrains, peut-être médiévaux, ont également été signalés dans les années 1990 et 2000.
Avant la Révolution
Les textes manquent pour mieux savoir ce qu'était la vie à Contré en ces temps reculés. Il semble que les guerres de Religion marquèrent profondément la localité. Chantemerlière eut à subir nombre de destructions et Contré servit de base à une attaque des Huguenots contre les Ligueurs positionnés à Saint-Mandé.
Au début du 17e siècle, la famille du Bois succède à la famille Horry à la tête de la seigneurie de Contré. Pendant ce temps, la famille de Cumont possède celle de Chantemerlière. Il faut attendre 1689 pour que les deux fiefs soient réunis dans de mêmes mains, celles de Charles de Courbon, comte de Blénac, sénéchal de Saintonge. A cette époque, le logis de Chantemerlière possède une verrerie en activité, dont furent retrouvés quelques vestiges.
Du 17e siècle au milieu du 19e siècle, la population de Contré est plutôt stable, autour de 350 habitants. La population protestante semble avoir été relativement importante. Un cimetière protestant aurait existé au centre du village de Chantemerlière et Madame de Choisy, qui résidait au logis, était chef du culte protestant. Toutefois, un couvent est également mentionné (il aurait été détruit par un incendie en 1793) mais aucun document n'a été retrouvé le concernant. Plusieurs hameaux semblent avoir disparu avant la Révolution, comme Pillerit, la Rochelaise ou Virolet.
La localité vit alors de l'agriculture (principalement le blé) et de la viticulture : la vigne produit des vins pour la fabrication d'eaux-de-vie. On compte deux moulins à vent aujourd'hui disparus (l'un a été détruit en 1875). L'élevage se résume à quelques petits troupeaux de petit bétail. Dans leur cahier de doléances aux Etats Généraux de 1789, les habitants de Contré font état du peu de revenu que leurs procurent leurs terres, en grande partie incultes ou difficiles. Les "mauvais bois" appartenant au seigneur ne sont guère plus profitables et ne servent qu'à alimenter les fours domestiques.
Un lent déclin, du 19e siècle au 20e siècle
Le 19e siècle voit l'essor économique de la région, mais celui-ci ne se ressent que peu sur la démographie communale qui ne s'élève qu'à 380 habitants vers 1850. Contré est-elle restée quelque peu en marge de cette prospérité ? Dans les années 1875 le phylloxéra ravage le vignoble et, en dépit des différents essais d'adaptation de nouveaux plants de vigne, il ne reprit jamais la même importance. Une conversion vers l´élevage s'est donc établie à la fin du siècle, avec la création de laiteries comme celles d'Aulnay ou de Néré.
Il faut sans doute modérer l'impact de la crise du phylloxéra sur la commune, puisque son déclin démographique s'est enclenché avant, dès les années 1850. L'exode rural semble y avoir été plus précoce que dans d'autres localités voisines. Le phylloxéra a donc aggravé une situation déjà établie.
Au 19e siècle et 20e siècles, la commune se modernise et procède à la construction d'une école et d'une mairie et à l'amélioration des voies de communication. Le voisinage de la petite ville d'Aulnay, chef-lieu de canton, lui met à disposition de nombreux services et commerces. La commune est traversée au sud par la ligne de chemin de fer de Saint-Jean d'Angély à Civray, une station est implantée à Villemorin, à peu de distance du bourg de Contré. Celle-ci fonctionne jusqu'au milieu du 20e siècle. Le téléphone, l'électricité et l'adduction d'eau sont mis en place au cours du 20e siècle.
Lors de la Seconde Guerre Mondiale, Léopold Robinet, natif de Contré, organise le premier mouvement de résistance armée en Charente-Maritime, appelé "Honneur et Patrie". Une plaque commémorative a été installée à l'entrée du village de Chantemerlière. Un peu plus tôt, Alcide Duchêne, habitant de Chantemerlière, se sera illustré par son érudition et ses talents d'illustrateurs, notamment à travers ses dessins humoristiques publiés dans la presse à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle.
Comme de nombreuses communes rurales, Contré subit au 20e siècle une certaine désertification. Le bouleversement de l´agriculture, dû à la mécanisation des travaux des champs, a fait disparaître les petites exploitations familiales qui maintenaient dans les villages bon nombre de personnes. Quelques exploitations demeurent néanmoins. La commune bénéficie toujours de la proximité d'Aulnay qui concentre de nombreux services. Contré compte aujourd'hui environ 120 habitants, appelés les Contrésiens.