Le site de Pronne (ou Péronne ou l'Epron ou l'Eperon) s'est développé autour d'une des écluses ou pêcheries établies sur la Sèvre Niortaise dès le Moyen Âge (il en existait de nombreuses notamment entre Maillé et L'Île-d'Elle). Celle de Pronne ou Péronne apparaît en 1667 sur le plan de partage des marais desséchés de Taugon-La Ronde-Choupeau-Benon. Elle ne figure pas toutefois sur les cartes de la région réalisées par Claude Masse au début du 18e siècle, notamment celle qui, en 1714, énumère les écluses présentes sur la Sèvre et ses affluents. En revanche, la carte du bassin de la Sèvre par Jacques Parent en 1767 situe bien ici une habitation, tout comme le plan cadastral de 1811. Celui-ci indique l'existence d'une seule maison (parcelle 1781, à l'emplacement de la maison actuelle la plus au nord, l'autre, au sud, parcelle 1803, n'existant pas encore). A proximité, on observe une autre habitation, un peu plus au nord, une maison ou hutte sur la digue, à l'ouest, et ce qui semble être un vivier, établi sur une étroite bande de terre à la confluence entre la Sèvre et le canal ou fossé de l'Eperon. Ce dernier, qui a dû donner son nom au site, devait constituer une de ces "routes d'eau" qui traversait les marais avant leur dessèchement au 17e siècle. Comme le montre le plan cadastral de 1811, son embouchure était située plus au nord qu'aujourd'hui (là où aboutit désormais le fossé au pied de la maison la plus au sud).
Le lieu-dit Pronne apparaît dans différents actes notariés de la seconde moitié du 18e siècle, par exemple en 1754, date à laquelle André Bouhier, pêcheur, et son épouse Marie-Anne Cardineau y possèdent des terres. En décembre 1763, quelques semaines avant d'épouser leur fille Hélène, Pierre Rougier, pêcheur, demeurant encore à Taugon, achète à Jean Lamoureux, marchand à Taugon, le droit de pêcher des anguilles et des poissons sur une portion de terre à l'écluse de Pronne, pour le prix de 38 livres, cent anguilles et une douzaine de carpes. En 1798, l'écluse de Pronne est mentionnée dans un recensement des pêcheries de la Sèvre Niortaise en vue de leur suppression, qui intervient quelques années plus tard. A cette date, elle appartient "au citoyen Bénéteau et autres".
Pierre Rougier et Hélène Bouhier font probablement construire la maison la plus au nord en cette fin du 18e siècle (celle qui apparaît, seule, sur le plan cadastral de 1811, parcelle 1781 ; elle a dû ensuite être reconstruite au 19e siècle). Ils la transmettent ensuite à leur fille, Jeanne Rougier (1765-1803) et à leur gendre, Pierre Suire (1763-1838), pêcheur, lequel, veuf, se remarie ensuite avec Marie Aimé. Pierre Suire est propriétaire de cette maison au cadastre de 1811-1813. Né de son premier mariage, André Suire (1802-1881), également pêcheur, époux de Marie-Hélène Ameuil (1813-1879), vit à son tour dans cette maison. Leur fils unique, Eugène Suire s'installant sur l'autre rive de la Sèvre, à Drapelle (commune de Vix), leur maison passe à leurs neveux, enfants et petits-enfants de Pierre Suire (1797-1864) et Marguerite Giraud. Parmi eux, Théophile Rougier (1865-1940), époux de Eloïse Gourricheau, fait construire en 1898 (inscrit en 1901 au cadastre) la seconde maison, au sud (parcelle 1803). Il y tient un café jusque dans l'entre deux guerres. Le bâtiment passe ensuite à une partie de ses descendants (famille Gillard).