Cette ancienne ferme ou cabane de marais desséchés a été créée au 18e siècle, et non pas au milieu du 17e, au moment des dessèchements de marais, comme la plupart des cabanes des environs. Au partage des marais desséchés de Taugon-La Ronde-Choupeau-Benon en 1675, ces marais (deux cabanes dans le carreau C, futures cabanes de la Baudrie et de la Candée) sont attribués à Guillaume d'Harouis, seigneur de la Seilleraye, l'un des membres les plus fortunés de la Société. Originaire de la région de Nantes, trésorier des Etats de Bretagne, et apparenté, par son épouse, à la marquise de Sévigné (qui parle de lui dans sa correspondance), il a investi dans le dessèchement des marais de Choupeau en 1664, à l'époque où la Société des marais devait faire face à d'importantes difficultés financières. Membre incontournable de la Société, il l'a même dirigée en 1670-1671. Mais, lui-même ruiné par ses affaires, il est jugé en 1689 et envoyé à la Bastille où il meurt en 1699, à 81 ans.
La Baudrie n'apparaît pas sur la carte de la région par Claude Masse en 1720, mais elle est mentionnée en 1760 lorsque Elisabeth Guillot, veuve d'Antoine Carré (1676-1726), négociant et banquier, demeurant à La Rochelle, la met en ferme au profit de Clément Texier, marchand à Taugon. Un nouveau bail est passé en 1766 cette fois par François Charles Carré de Candé, seigneur de Carré, conseiller du roi et président trésorier de France à La Rochelle, au profit de Pierre Bourdeau fils, marchand à Taugon et beau-frère du précédent bailleur, Clément Texier.
Sur le plan cadastral de 1811, le bâtiment de la cabane, longiligne, ne se trouve alors pas à son emplacement actuel, au bord du canal des Vetelles, mais plus à l'ouest, au milieu des marais desséchés. Selon le cadastre de 1811-1813, la Baudrie appartient alors (comme la Candée) à la veuve Jousseaume, demeurant à La Rochelle. Elle passe ensuite à Joseph Daniel-Lacombe (1811-1891), notaire à Fontenay-le-Comte, qui, selon le cadastre, la fait reconstruire en 1878. Elle est peut-être transférée à son emplacement actuel à cette même occasion, sans doute pour faciliter son accès par bateau, faute alors de chemins d'exploitation.