HISTORIQUE
Selon une tradition bien ancrée dans la mémoire rochelaise, l'hôpital Saint-Barthélémy aurait été fondé par Alexandre Aufrédi, armateur de la Rochelle, tombé de l'opulence dans la pauvreté, puis redevenu riche le retour inespéré de ses navires 7 ans après leur départ. Il décida donc, avec sa femme, Pernelle, de consacrer sa nouvelle fortune aux pauvres dont il avait partagé un temps l'existence.
L'hôpital était fondé en 1203, comme l'atteste un bulle d'Innocent III. Le testament du fondateur rappelle cette fondation et en fixe la dotation, organisation administrative et religieuse qui sera maintenue jusqu'au siège de 1628. A la mort d'Aufrédi, vers 1220, l'hôpital devenait propriété de la ville et le maire, assisté de dix prud'hommes, en nommerait désormais l'administrateur et l'aumônier.
Le nouvel hôpital, situé dans l'angle sud-ouest de la place du Château, se présente d'abord comme un vaste bâtiment, orient est ouest, d'un seul niveau et à très haut comble, avec chapelle à vaste pignon à l'est sur la rue Pernelle et salle des malades à l'ouest, où le mur de clôture se prolonge jusqu'aux remparts (1214). En 1256, consécration solennelle de la chapelle sous le vocable de Saint-Jean-Baptiste.
En 1353, acquisition de l'emplacement, au sud, où le gouverneur de l'hôpital, Guillaume Massicot, fera construire en 1420 la "grande salle ou infirmerie", de même longueur que le bâtiment Aufrédi mais de moitié moins large.
En 1472, surélévation de l'un des pavillons intérieurs donnant sur le jardin, pour loger les soeurs qui desservent l'aumônerie, et ouverture, à l'ouest dans le rempart, de deux portes avec construction d'un escalier en pierre donnant accès au lavoir.
Il n'y eut plus de travaux notables jusqu'en 1628 si ce n'est la désaffectation de la chapelle Saint-Jean-Baptiste, en 1568, et sa transformation en magasin d'artillerie par les protestants.
Après le siège de 1628, Louis XIII affecte l'hôpital aux frères de la Charité et aux hospitalières. La division des locaux s'avérant impossible, les charitains conservent la totalité de l'édifice et les deux tiers de ses revenus, tandis que les hospitalières cherchent un autre lieu pour s'établir. L'hôpital devin alors couvent-hôpital et connut de grandes transformations pour répondre à cette double vocation. Les Charitains rétablirent, en la remblayant, la grande salle Aufréi qui était en contrebas de l'ancienne chapelle et construisirent une église adossée au mur sud de ce bâtiment et séparé encore par une cour de la grande salle construite par G. Massicot. Ces deux bâtiments, sans étage, formaient des ailes parallèles indépendantes, reliées à l'est sur la rue Pernelle par un mur de clôture et communiquant à l'ouest par un couloir ou passage extérieur qui les mettait en relation avec les servitudes (deux groupes de constructions disposées en carrés plus ou moins réguliers autour de cou ou de jardin intérieurs). Outre la nouvelle chapelle de la Charité, fut bâtie en 1641 le mur de clôture sur la rue Saint-Côme avec une porte cochère donnant accès à des hangars, écuries, remise et grenier à foin. A l'angle de la rue Saint-Côme et de la place du Château, fut établi le cimetière. En 1643, le duc de Saint-Simon donna aux religieux l'ancienne porte Neuve ou du Petit-Comté, qu'ils surélevèrent d'une petite construction contenant deux chambres de communication directe avec les bâtiments de l'hôpital. Elle prit alors le nom de voûte de la Charité.
En 1704, construction d'une salle pour malades, avec cave au-dessous, et de chambres pour les religieux avec " aspect à l'occident" sur le passage reliant, à l'ouest, les deux grandes salles. Peu après furent bâties, à l'intérieur de la cour la plus proche de la rue Aufrédy, des galeries en forme de cloître, réservées à l'usage des religieux. En 1750, construction de latrines destinées aux deux salles des malades. A la même époque, on raccorde à la façade de la rue Aufrédy une petite maison qui devient la "montre de l'apothicaire". Celle-ci est reliée à la salle des malades par le prolongement du couloir extérieur, transformé en galerie d'entrée après l'ouverture de la porte principale sur la rue Aufrédy. En 1775, Louis XV octroie 30 000 livres aux religieux pour surélever les deux grandes salles d'un étage, en réservant le premier aux soldats et officiers malades de la garnison. Les plans et devis en furent dressés par Mr de Charleville, directeur des fortifications. Ces agrandissements firent plus que doubler l'importance de l'hôpital et lui donnèrent son aspect grandiose d'aujourd'hui. La même année furent acquises trois masures joignant l'hôpital, rue Aufrédy, pour y aménager des salles de vénériens et de galeux, mais ce projet n'aboutit pas. Le 5 mars 1791, les religieux durent quitter l'hôpital qui redevint propriété de la ville.
De 1801 à 1808, l'histoire de l'hôpital est toute entière contenue dans les tractations pour son acquisition par le département de la guerre. Suite au décret du 18 avril 1811, qui prévoyait la remise aux ville des bâtiments militaires, la ville refusa de reprendre l'hôpital à sa charge. Durant cette période d'importants travaux, qui n'étaient qu'un palliatif, furent exécutés. En 1810, l'ingénieur de Verdon présente des plans de réfection dans le but, qui sera constant tout au long du XIXe siècle, de rendre l'édifice plus fonctionnel. Cette année-là, l'église des charitains et les salles basses qui s'y adossaient furent démolies, dégageant ainsi une vaste cour (la cour des Acacias) entre les deux grands bâtiments nord et sud. En 1814, débutèrent les travaux de construction du grand escalier. En 1815, nouveau projet de restauration concernant notamment le pavillon des soeurs (qui assurèrent le service de l'hôpital de 1801 à 1839) et les dépendances dans une grande aile perpendiculaire aux deux anciens bâtiments (avec une chapelle à son extrémité nord), où sera aménagé un hôpital de siège à l'épreuve de la bombe, achevé en 1818. En 1819 et 1820, construction notamment, sur la rue Aufrédy, et dans l'axe de la rue de l'Escale, de la porte d'entrée, grande serlienne surmontée d'une autre plus petite, qui donne à la façade son aspect définitif. Cette façade sera ensuite prolongée jusqu'à l'angle de la rue Saint-Côme avec l'acquisition de maison aliénées à la Révolution. Le plancher du premier étage du bâtiment d'Aufrédi est ensuite refait : c'est en creusant le sol inférieur pour y établir les colonnes de support que furent mis à jour le caveau du fondateur et les sépultures de la chapelle Saint-Jean. En 1824, on prévoit de démolir ce qui reste des vieilles servitudes (boulangerie, buanderie, boucherie), qui vont être réinstallées dans les casemates de l'hôpital de siège, ce qui a pour effet de dégager la partie sud-ouest de l'hôpital. En 1831, construction du hangar et d'une buanderie le long du mur de clôture de la rue Saint-Côme. De 1833 à 1837, sont effectués des travaux dans le bâtiment prolongeant le pavillon des latrines, sur la rue Pernelle, destiné en principe à divers magasins. Les soeurs cessant leur service le 31 décembre 1839, les sept salles des premier et deuxième étages de leur aile seront transformées en autant de chambres de malades de onze lits. La maison située à l'ouest, sur la rue Aufrédy, fut achetée pour le logement du personnel. En 1847 et 1848, construction d'une nouvelle pharmacie au rez-de-chaussée de la maison, l'ancienne « montre » étant transformée en magasin. En 1849 et 1850, on finit de raccorder la nouvelle maison à la façade de la rue Aufrédy. En 1851 et 1852, agrandissement des fenêtres de la « montre ». En 1856, restauration de la chapelle (à l'extrémité nord de l'aile des soeurs). En 1859, acquisition de la maison voisine de l'hôpital, à l'angle des rues Saint-Côme et Aufrédy. L'hôpital est alors constitué à peu près tel que nous le voyons aujourd'hui.
Desservi depuis 1840 par le personnel militaire d'administration, l'hôpital conserva sa vocation première jusqu'en 1949. En 1953 s'y installa le service de l'aide aux armées alliées jusqu'au départ des derniers éléments E.S en 1964. En 1965, ces vastes locaux furent affectés aux services des pensions des armées.