Une origine antique
Le nom de cette bourgade témoigne de sa fondation d’origine médiévale. En effet, le terme « Jarrie » vient de « Garric », qui désignait en gaulois le « chêne Kermès » (espèce d’arbuste à feuilles persistantes). Plus tard, le terme de « Garric » s’applique, par glissement de sens, aux sols secs et rocheux où poussent ces arbres. Le nom de Jarrie est très répandu en France. « Audouin » est le nom d’un seigneur. Cette forme de juxtaposition du nom du lieu et d’un qualitatif se rapportant au propriétaire est typique du Moyen Age. Le bourg tel qu’il est aujourd’hui résulte de l’agglomération des hameaux de Vaudion, de Pié Pelé et du petit centre bourg.
La première mention écrite de la Jarrie-Audouin remonte au 11e siècle, vers 1071, lorsque Guillaume VIII, duc d’Aquitaine, fait don à l’abbaye de Montierneuf de La Jarrie avec toutes ses dépendances. La dîme est exclue de cette donation car elle est déjà distribuée à l’abbaye de Saint-Jean-d’Angély.
Il faut attendre le 14e siècle pour que le suffixe « Audouin » soit mentionné. Il correspond au moment où La Jarrie, territoire jusqu’alors sous la domination d’un prieur, passe entre les mains d’un seigneur.
L’église n’est implantée dans aucun des trois noyaux urbains, mais dans une portion de campagne presque vide, entre le bourg et Pié Pelé. Construite au 12e siècle, elle remplacerait une chapelle plus ancienne. De l’édifice du 12e siècle n’ont survécu que le chevet et le choeur, le reste a été reconstruit probablement au cours du 19e siècle.
Comme la majorité des villages de France, celui de La Jarrie-Audouin se fixe définitivement aux alentours des 12e et 13e siècles. Le pays entier est alors marqué par un essor économique sans précédent qui suscite de grandes campagnes de constructions.
Le château
Situé à proximité de l’église, sur une élévation naturelle, l’ancien château de La Jarrie-Audouin dominait le bourg. Il n’en reste que peu d’éléments, si ce n’est une partie du logis séparé en deux maisons d’habitation, qui tourne le dos à un pré où se tenait le reste du château. Un puits arasé et une salle voûtée sont les seuls témoins du passé de cet édifice.
Il semble qu’un seigneur, Nicolas de la Chambre, se soit établi à La Jarrie au milieu du 15e siècle. Ses descendants garderont le château jusqu’au 17e siècle, avant qu’il ne passe, par mariage, à la famille Tiraqueau, puis, de nouveau par mariage, à la famille de La Croste.
Le château est vendu en 1774 à un certain Louis-Antoine Valentin, médecin du roi Louis XVI, dont le frère était maire de Saint-Jean d’Angély. En comparant l’acte d’achat et celui de la saisie en 1792, on peut imaginer qu’il avait entrepris des travaux d’embellissement afin d’y résider. Il quitte son domaine à la Révolution et entre, en 1792, comme chirurgien major du corps des hommes à pieds dans l’armée des princes. Ses biens sont saisis et vendus aux enchères en 1793. une description complète du château laisse alors apparaître son importance : 22 pièces dont 8 chambres, 2 salons, une salle à manger, une cuisine, une bibliothèque et une salle de billard. La décoration affichait moulures en plâtres, tapisseries, tableaux, meubles et autres vaisselles précieuses. Louis-Antoine Valentin meurt en 1823 sans enfant, ce sont alors ses neveux qui héritent du château.
En 1827, la foudre provoque un incendie qui endommage une grande partie du bâtiment, qui par la suite tombe en ruines. En 1922, lorsque le docteur Texier visite les vestiges du château, il localise les différentes pièces, dont la salle à manger qui ouvre au sud sur un jardin se terminant en parc. Les portes-fenêtres du salon donnent accès à une terrasse qui portet des débris de balustres. On voit encore dans le salon un parquet à fougères et au mur des colonnes cannelées Louis XV, de fins trumeaux en plâtre représentant la peinture, la sculpture, la musique et l’architecture. En 1949, il ne reste plus rien de l’édifice, dont les pierres ont été utilisées pour empierrer les chemins de la commune.