Le presbytère avant la Révolution
Cette demeure est l'ancien presbytère de Saint-Jean-de-Liversay, occupé par ses curés jusqu'à la Révolution. Il était aussi sans doute le siège du prieuré de Saint-Jean-de-Liversay. Dépendance du chapitre cathédral de Luçon, celui-ci est mentionné notamment lorsque le 23 avril 1466, frère Nicolas Chauvet, prieur de ce prieuré, passe un acte de rente à cens au profit d'Antoine Pelletreau sur une maison, un appentis, un masurault et un verger tenant au cimetière dudit lieu, à la chapelle Saint-Etienne et au chemin de Luché à Thairé. En 1781 encore, il est question de l'affermage du revenu temporel du prieuré de Saint-Jean-de-Liversay à Jean Seguin et Simon Dufour, fermiers à Choupeau, soit la maison et jardin dudit prieuré, des terres, des prés et divers droits.
L'architecture du bâtiment est celle d'une construction de la première moitié du 18e siècle, que l'on doit peut-être au curé René Ayrault, bienfaiteur de la paroisse dans les années 1730. C'est en la "maison presbytérale" que, le 1er mai 1743, ses héritiers passent un accord avec Pierre Marteau, nouveau curé du lieu, pour mettre en oeuvre son testament, établi le 23 avril 1739. La propriété, qui apparaît sur le plan cadastral de 1811, comprend alors le logis, une aile (sans doute des communs) en retour d'équerre au sud, un autre corps de bâtiments au nord de la cour (actuelle salle des fêtes), le tout autour d'une cour, auquel s'ajoutent un jardin à l'arrière, vers l'ouest, et un vaste enclos au nord et au nord-ouest. A la Révolution, les biens du prieuré sont saisis comme biens nationaux et vendus aux enchères le 18 mars 1791. La vente ne concerne toutefois que des terres, complants de vignes et terrages, le tout estimé à 3800 livres et acquis pour 6200 livres par Louis Benjamin Jaunay, de Saint-Jean-de-Liversay.
L'ancien presbytère appartient au cadastre de 1811 à Pierre Raison, demeurant à Taugon (probablement Pierre Raison (1753-1831), cabanier et marchand boulanger à Taugon, époux de Marie Beneteau puis de Marie-Françoise Mangou). Il passe ensuite à François Bourolleau, boulanger, qui le revend en 1838 (selon le cadastre) à François Nalin (1788-1836), marchand drapier, et son épouse Marianne Fouquet (1790-1834). Ceux-ci transmettent la demeure à leurs enfants Alexandrine, épouse d'Arsène Sochard, Frédéric, boulanger à Saint-Jean-de-Liversay, François, dit frère Benjamin, religieux à Bellefontaine, près d'Angers, et Eugène, bourrelier à Marans. En 1840 et 1843, ces derniers cèdent la demeure à Honoré Appolin Depierris (1809-1885), notaire, demeurant à La Rochelle, et son épouse, Anne Bourget (1807-1881). A la fin des années 1850, une polémique (sur fond de querelles politico-religieuses) oppose Depierris (et la paroisse) à la municipalité, dirigée par le maire Louis Etien. Celle-ci souhaite en effet acquérir un nouveau presbytère et Depierris propose alors sa propriété qui n'était autre que le presbytère avant la Révolution. Or le maire et ses partisans préfèrent la maison Quoy (6 rue du Docteur Quoy) qui est finalement achetée en 1860 pour y établir le presbytère. L'enquête publique menée à l'occasion de ce différent, en 1859, atteste que la demeure Depierris était bien avant la Révolution le presbytère.
Après la mort de Depierris et de son épouse, en 1881 et 1885, leurs filles et héritières, Marie Mathilde Depierrs, épouse de Louis Arthur Romieux, avoué près le tribunal civil de première instance de La Rochelle, et Marie Honorine Depierris, épouse de Jules Gournet, professeur à Chalon-sur-Saône, vendent la propriété le 20 janvier 1887 (devant Martin, notaire à Courçon) à Louis Aimé de Fleuriau (1827-1891), conseiller général, chevalier de la légion d'Honneur, ancien secrétaire d'ambassade, en retraite à La Rochelle et dont la famille possède depuis le 18e siècle de nombreux marais desséchés dans la région. Mais il s'éteint dès 1891 et sa veuve, Marie Magnan revend la propriété le 9 juin 1894 (devant Bonniot, notaire à La Rochelle) à Eugène dit Arthur Maréchaud (1858-1902), employé des télégraphes à Saint-Jean-de-Liversay, et son épouse, Rosalie Genauzeau. Arthur Maréchaud finit sa vie en cette demeure en 1902 ; un inventaire après décès de ses biens est établi le 24 mars (devant Martineau, notaire à Saint-Sauveur-d'Aunis). Le 27 décembre 1903 (même notaire), sa veuve vend la demeure à Amédée Ballanger (1856-1909), cultivateur, et son épouse, Ezilda Rougier (1856-1913).
Une demeure rachetée pour établir la mairie
Après la mort de cette dernière en 1913, et pendant la guerre qui éclate en 1914, la demeure est inoccupée. Dans le même temps, la municipalité, qui manque de place pour sa mairie, logée avec l'école de garçons dans le bâtiment sur le côté nord de la place de l'église, envisage de la transférer dans un lieu plus approprié. Le 18 août 1918, le conseil municipal entérine l'achat de la demeure Maréchaud. Il faut toutefois attendre le 19 mai 1921 pour que l'acte d'acquisition soit signé (devant Dubois, notaire à Saint-Jean-de-Liversay) entre la municipalité et les héritiers Ballanger, pour 20 000 francs. Cet acte décrit une maison "édifiée entre cour plantée [d'arbres] et jardin", avec au rez-de-chaussée un corridor d'entrée dans lequel se trouve un escalier en pierre conduisant à l'étage, un office, des cuisines, une "chambre noire", deux salons, un cabinet de travail, un caveau, une chambre servant d'atelier ; à l'étage, quatre chambres à coucher "dont trois ont des cabinets de toilette". On relève aussi, dans l'aile sud-est, une buanderie avec ponne, fourneau et four, et au nord une écurie, une remise, une grange, un grenier à foin, un magasin à bois, des toits et un poulailler. La cour est fermée côté place par un mur avec portail et porte piétonne. Derrière la maison, vers le nord-ouest, s'étendent un jardin et un verger.
Quelques travaux d'appropriation sont menés en 1922 et début 1923. Ils concernent l'ancienne habitation elle-même mais aussi ses communs, au nord de la cour, transformés en salle des fêtes. Le marché de cette transformation est passé le 23 mars 1923 avec Emile Durand, entrepreneur à Choupeau, et Maurice Dumas, maçon au bourg. La première pierre est scellée par Gabriel Gaucher, six mois et demi, petit-fils d'un des adjoints au maire, Moïse Gaucher. La mairie investit finalement ses nouveaux locaux le 22 juillet 1923, lors d'une cérémonie présidée par le préfet. La nouvelle salle des fêtes est inaugurée en même temps. A partir de 1935, le pré de la mairie, au nord-ouest, est loué à l'association l'Union sportive ; il deviendra plus tard le stade. Quant à la salle des fêtes, elle sera agrandie en 1954 puis réaménagée dans les années 2000.